lundi 2 janvier 2012

Carnet de bord de Fabian - Comment je me suis mis à prier la Pacha Mama (15/12/11 - 21/12/11)

On décide de mettre les bénéfices de la musique en commun pour payer le Machu Picchu et le trajet à Henry. Tous les Français avaient quitté l'auberge, qui nous paraissait déserte le dernier soir avant de prendre le combi qui devait nous amener à Hidroelectrica, la dernière localité accessible par la route pour aller au Machu Picchu.

Plusieurs chemins mènent à cette merveille du monde. Entre le trail de 4 jours, le voyage totalement en train, le tour organisé par une agence de voyages, et la débrouille, les prix vont du simple au plus quintuple, voire plus ! Nous avons choisi un compromis : une Française nous avait renseigné un bon plan pour acheter des billets aller-retour jusqu'à Hidroelectrica, un bon deal en comparaison à ce que nos connaissances avaient payé. On passe par le gestionnaire de notre auberge, qui connaît un type, qui bosse dans une agence, ... On finit quand même le lendemain par se retrouver à 13 touristes dans un minibus qui semblait en bon état, mis à part la porte coulissante qui ne s'ouvrait pas facilement.

C'est parti pour l'aventure !
Nous quittons la ville de Cusco dans le bolide grinçant. On passe dans la campagne avant de s'attaquer aux routes de montagne.

La campagne avec ses fermettes aux toits de paille

Il y avait avec nous des Argentins, avec leur thermos d'eau chaude pour leur traditionnel maté, qui avaient payé moins que nous. Il y avait aussi des Américains et des Français qui avaient payé un max. Tout ce petit monde allait pourtant vivre la même aventure, qui commençat réellement quand la boue remplaçat le bitume sous les pneus lisses du combi... Une pluie fine, mais dense, avait détrempé le terrain. Nous retenons notre souffle à chaque virage, un peu serré, sentant le véhicule glisser dans la boue. On commence à douter de la totale maîtrise du véhicule par son conducteur quand nous rebondissons sur une paroi de pierre de l'autre côté d'un ravin. Plus loin, le conducteur peine à aligner ses roues pour passer sur des petits ponts de bois. Marie avoue avoir encore plus peur qu'en avion.

Petit pont de bois périlleux

Et le chauffeur qui n'a pas la même notion de "parallèle" que nous...

Après le passage d'un pont vraiment périlleux, dans la camionnette, après quelques gloussements, c'est un calme plat qui trahit le stress qui s'est emparé des voyageurs n'ayant plus tellement confiance en leur conducteur. Pour se changer les idées, chacun a sa recette. Certains regardent leurs photos sur leur appareil Canon, d'autres plaisantent, un Argentin prépare une nouvelle tasse de maté, l'un dort, ... Moi je me perds dans la contemplation du paysage. En bas-fond de la vallée, la rivière se transforme petit à petit en torrent qui serpente entre les montagnes verdoyantes.

Chemin boueux, rivière dans la vallée, paysage magnifique

Le minibus s'arrête au milieu de la route sans raison apparente. Tout le monde sort, certains en levant les yeux au ciel. Le combi tousse, crachotte, mais ne daigne plus démarrer. Le chauffeur ouvre le capot, chipote ça et là avec un air peu convaincu, et un Argentin y jette un oeil sans plus de compétences.

Panne au milieu de nulle part

Il pleut des cordes, la situation me fait sourire. Les nuages mangent les montagnes et forment comme des amas de cotton dans la vallée. Un rapace va se mettre à l'abri dans un grand arbre. Une camionnette ne tarda pas à être gênée par le combi immobilisé. On s'active pour le pousser sur le bas-côté. Un énorme tractopelle de chantier, sur lequel était assis au moins une dizaine de travailleurs de chantiers publics ou de la mine, frôle sans hésitation notre véhicule pour se frayer un chemin. On les salue d'un signe de la main. Une petite famille, que nous avions dépassée d'un coup de klaxon un quart d'heure auparavant, nous dépasse maintenant l'air timidement amusé de notre galère.

On a l'air fin... !

Le combi redémarre 1/2 heure plus tard, comme par magie. On veut tous remonter dedans, mais bien Sûr la porte coulissante n'allait pas nous faire de faveur à ce moment-là ! Nous finissons quand même par tous se retrouver dans le véhicule, repartant sur la voie boueuse. Je regrettais presque de ne pas avoir été dans l'obligation de marcher, ou de trouver un autre moyen de transport...

Un rayon de soleil réchauffe Santa Theresa, la ville où on fait une escale, avant de repartir avec deux voyageurs supplémentaires. Alors qu'on avait à peine quitté le village, un homme en habit de travail fluo nous signe de s'arrêter. D'autres véhicules sont également immobilisés. On apprend alors qu'ils avaient dynamité la montagne pour découvrir une mine, et une partie de la roche montagneuse s'en était retrouvée sur la route, barrant le chemin d'immenses blocs de pierre.

Eboulement de pierres dû à de la dynamite des mines

Après un signe de l'ouvrier, et avoir dit aurevoir à notre chauffeur à l'air toujours aussi lymphatique, on escalade les blocs avant d'entamer les 10 km qui nous séparaient d'Hidroelectrica. Le paysage est grandiose, on chemine au milieu d'énormes montagnes, le long d'une rivière dont le courant devient de plus en plus fort au fur et à mesure qu'on avance. A notre gauche, une montagne crache une grosse cascade, tandis que les parois des montagnes à notre droite suintent d'eau qui ruisselle, nourrissant sur son passage une multitude de plantes agrippées à la pierre. Plusieurs de ces montagnes grondent, sans doute gorgées d'eau cherchant à s'échapper.

Enorme cascade sortant de la montagne

La petite troupe de 13 voyageurs est solidaire, et les plus rapides attendent ceux qui peinent ou qui n'ont pas envie de se presser. On commence à sentir le poids de nos sacs et de nos instruments.

Henry et son bombo, Marie et son violon, Fab et sa guitare

Au loin, nous apercevons les infrastructures d'Hidroelectrica, une centrale assez récente qui a donné son nom au hameau dans lequel doivent habiter uniquement les travailleurs de la centrale et leur famille. Les femmes vendent des sodas ou des petits casse-dalle le long de la voie de chemin de fer qu'il nous faut maintenant suivre jusqu'à Aguas Calientes, à 10 km de là. Il est déjà tard dans la journée, et le soleil se réfugie derrière les montagnes. Nous comptons alors le nombre de lampes de poche que nous avons, avant de s'enfoncer dans l'obscurité. "Agua, fose, puente", les plus éclairés guident les autres.

Chemin de fer entre Hidroelectrica et Aguas Calientes

On passe au-dessus de petits ponts en enjambant les billes de chemin de fer. Mille étoiles scintillent dans le ciel, et la lune détoure les montagnes. Les bruits des animaux ne nous effrayent qu'à peine, la meute donne une impression de sécurité. Nous marchons d'un pas assez rapide, le long de la voie de chemin de fer, pendant bien deux heures, avant d'apercevoir enfin les lumières d'Aguas Calientes, une ville champignon accessible uniquement en train ou a pied, et qui sert de tremplin aux touristes qui veulent visiter le célèbre Machu Picchu. Tout y coûte trois fois le prix habituel : hôtels de luxe, restaurants chicos, bars à cocktails, etc. La ville semble tirer l'entièreté de ses richesses du tourisme. Nous parvenons tout de même à négocier, grâce à Henry, une chambre moins chère, dans un quartier plus "péruvien" de la ville. Un grand terrain de foot en herbe artificielle fait office de parc public juste en face de notre hôtel.

Le terrain de foot - parc public d'Agaus Calientes

Nous jouons un peu de musique dans les restaurants. Certains touristes se montrent enchantés, et d'autres semblent râler sur le fait qu'on les pompe encore une fois. Mais on parvient à rassembler un peu d'argent pour payer le billet pour le Machu Picchu, particulièrement cher pour les étrangers.

"Machu Picchu est un voyage à la sérénité de l'âme, à la fusion éternelle avec le cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. C'est une des plus grandes merveilles d'Amérique du Sud. Un havre de papillons à l'épicentre du grand cercle de la vie. Un miracle de plus." écrit le poète chilien Pablo Neruda dans "Les hauteurs du Machu Picchu", un chant dans lequel le poète raconte son ascension jusqu'au Machu Picchu. Il y appris l'importance de la poésie pour faire passer la parole des Incas au travers des générations.


Machu Picchu dans sa brume matinale

Le Machu Picchu, "vieille montagne" en Quechua, est une ancienne cité Inca du quinzième siècle, et aurait été la résidence de l'Empereur Pachacutec, et un sanctuaire religieux très important. Dans " La fabuleuse découverte de la Cité Perdue des Incas", un auteur anglais, Hiram Birgham, pose une énigme jamais vraiment résolue en dépit des recherches publiées après sa mort. "Qu'en est-il donc du Machu Picchu ? Pourquoi ce nid d'aigle, volontairement édifié à l'abri de la rapacité des hommes, se dresse-t-il si haut entre ciel et terre ? Pourquoi ses bâtisseurs voulurent-ils lui assurer une quasi inviolabilité ? Fut-il un gynécée réservé aux femmes choisies de l'Inca ? Un temple dédié au dieu Soleil ? Une forteresse destinée à barrer la route de Cusco aux tribus sauvages de l'Amazonie ?"

Si des travaux ont éclairci plusieurs mystères aujourd'hui, notre ascension à pied, de plus d'une heure et demie d'escaliers, correspondant à un dénivelé de 1000 mètres, à jeun et étant un peu malade, a redonner à nos yeux de la matière au mythe de la Cité Perdue, alors que nous escaladons à bout de souffle les marches de pierre qui semblent ne jamais finir. A 4h30, l'air du petit matin est frais, ce qui ne nous empêche pas de transpirer. Nous rencontrons quelques matinaux, qui comme nous veulent profiter du lieu sacré au lever du jour, et avant l'arrivée de la cohorte de touristes montant en bus.
Les 1000 mètres de dénivelé...

Après avoir passé un portique de sécurité, nous sommes enfin dans l'ancienne cité Inca. Nous volons des informations aux guides que nous croisons, en train de réciter leurs savoirs sur toutes ces traces du passé extrêmement bien conservées. On peut parfaitement distinguer une partie rurale et une partie urbaine dans la cité.

La partie urbaine de la cité

La partie rurale est faite de terrasses, ressemblant à un escalier géant pour monter dans les nuages.

Les terrasses du Machu Picchu

Un système ingénieux d'irrigation sillonne toute la cité, tandis que de l'autre côté un dédale de murs forme différentes pièces où l'on peut encore distinguer, 600 années plus tard, une enclume à grains, une salle de bain privée, ... Plus près du ciel, un temple de la Lune et un temple du Soleil dominent la cité. Plus en contrebas, un temple dédié à l'Eau atteste le caractère hautement sacré du lieu.
Temple du Soleil surplombant la cité

Des lamas broutent sur ce qui devait être la place principale de la cité.

Les lamas, seuls habitants actuels du Machu Picchu

Si les constructions humaines énormes attirent mon attention, c'est surtout la nature environnante qui, à cette altitude, avait quelque chose de transcendant. Je me dis qu'elle devait être la même pour les Incas. D'énormes nuages flottent dans la cité, et se balladent tranquillement entre les montagnes.

Les nuages flottant entre les montagnes

Le Huayana Picchu, face à nous, s'érige comme un nez géant, comme si à cet endroit, la terre pouvait respirer profondément.

La cité avec en arrière plan le Huayana Picchu

Mon coeur bat vite à cause de l'altitude, et mes jambes flagellent de ne pas avoir pu manger quoi que ce soit depuis deux jours. Je trouve un banc de bois, juste en face de la jeune montagne, où je m'assoupis un peu. Je vois la cité grouillante de gens. J'entends des vieux chants dédiés à la Pacha Mama ou au Soleil. Je vois ces bijoux et statues fantastiques qui ornaient les gens et les temples, qui aujourd'hui se retrouvent dans des collections privées, après avoir été pillées par les Conquistadors, mais également par les archéologues, ces Indiana Jones de pacotille qui ont amené tous ces joyaux è des endroits où ils ont perdu leur sens. Quand je me réveille, le Huayana Picchu est embrassé par les nuages, et je ne parviens plus à voir son sommet. Nous quittons cet endroit chargé d'histoire et de féeries, pour rejoindre Aguas Calientes en fin de matinée.

Des rumeurs circulent sur la fermeture prochaine du site. Les ruines seraient sur une faille sismique, et la forte affluence touristique nuirait à la préservation du site, malgré la limitation quotidienne du nombre de visiteurs. Je m'inquiète pour l'avenir des habitants, qui n'ont pas l'air de prendre ces dires au sérieux, tout en m'amusant à l'idée que dans des centaines d'années, Aguas Calientes pourrait être un tas de pierres étudié par les archéologues et visité par des touristes du monde entier, se demandant pourquoi notre civilisation avait construit une ville au milieu de ce nulle part... Un jour, les Incas ont bien dû abandonner tout pour vivre ailleurs, il n'y a que les montagnes qui ne bougent pas... quoi que...


Aguas Calientes


Nous restons quelques jours à Aguas Calientes, en faisant de la musique avec Henry, avant de reprendre la route dans l'autre sens. C'est sous une fine pluie dense que l'on quitte la ville en suivant les rails de chemin de fer, à travers la forêt et les montagnes.

Rivière déchaînée en cette saison des pluies

Après une heure de marche, un attroupement de personnes arrête notre avancée. Nous nous mettons à l'abri sous une bâche tendue entre des arbres. Devant nous, un amas d'énormes rochers de plus de 5 mètres de diamètre et de terre s'est écrasé lourdement sur la voie de chemin de fer. Un peu comme si la montagne avait bougé, faisant disparaître la construction humaine. Le barrage naturel est si haut qu'il est impossible de le surmonter. Nous passons donc par un champ de bananiers, dans lequel on doit s'accroupir pour passer entre les branches, nos instruments et la boue ne nous aidant pas.

Wagon du train

Après avoir dépassé l'obstacle, nous remettons le pied sur la voie ferrée, quand soudain un grondement sourd résonne. "Corre, corre, corre !!!" dit un ouvrier ayant sans doute la lourde charge de déblayer le terrain pour le train. Le chien qui nous suit depuis Aguas Calientes hurle à la mort. Un nuage brun dévale la montagne un peu plus haut. On cavale, regardant avec inquiétude la montagne se dérobant sous nos yeux, et au-dessus de nos têtes... On s'arrête de courir un peu plus loin, pour marcher rapidement en appliquant le conseil de la petite dame de l'abri à la lettre : "L'éboulement date de ce matin, il faut bien regarder la montagne, c'est dangereux." Ces montagnes si charmantes, si belles auparavant, étaient maintenant devenues dangereuses et garces. Nous marchons d'un pas ferme et décidé, attentif aux moindres signes d'éboulement. On parvient néanmoins sans encombre à rejoindre Hidroelectrica, où devait nous attendre le combi du retour.

L'heure du rendez-vous passe.On téléphone à l'agence de voyage, qui nous explique qu'ils n'organisent pas le trajet pour trois personnes seulement... On devait trouver un autre moyen pour se rendre à Cusco. Spyke, le chien qui avait vécu l'aventure de l'éboulement avec nous, nous suit fidèlement. C'est un grand animal, type berger allemand, en plus costaud, l'air punk avec ses poils tout hérissés par la pluie, et ses quelques rastas sur le cul. On s'était dit qu'il se joindrait à d'autres touristes pour faire la route dans l'autre sens, mais le voilà qui se met à courir derrière le taxi nous emmenant à Santa Theresa. On le remarque et le chauffeur le fait monter dans le coffre en disant qu'il risquait de mourir s'il restait seul, perdu entre Hidroelectrica et le premier hameau à des km de là. Il a l'air enchanté de l'invitation, et ne se fait pas prier pour sauter dans la voiture. Il nous tape une grosse lèche sur l'oreille, tout en essayant de se hisser sur la banquette arrière.

Une sensation de sérénité s'empare de moi. Du seul et unique baffle fonctionnant encore dans le taxi, sort une reprise de "Dust in the wind" en espagnol. La chanson prend un sens tout particulier en ce moment. Le poète chilien le disait aussi, l'ascension sur la vieille montagne Picchu nous a fait ressentir la fragilité de notre condition humaine face à celle qui se nomme ici Pacha Mama, la Terre Mère, grande, belle, et nourricière, mais également puissante et colérique.

Dans la cosmologie andine, l'homme n'est pas une essence en soi, isolé de tout le reste, mais il est au contraire pris dans un réseau complexe de relations avec les autres hommes, les esprits, et la Nature. Dans les croyances locales, il est possible de communiquer ou d'échanger de l'énergie avec la Pacha Mama, comme avec tout autre animal ou plante. Je me rappelle d'un cours d'anthropologie qui portait sur les représentations et les pratiques de tribus d'Amazonie. La notion d'esprit y est très différente de celle que l'on peut retrouver dans les religions monothéistes. Par exemple, deux pécaris, des petits cochons délicieux rôtis, se voient entre eux comme des humains, et voient les humains comme de dangereux pumas. Les pumas, quant à eux, voient les hommes comme des pécaris. Quand les pumas boivent du sang, ils se voient entre eux comme des hommes buvant une bière en papotant. Ainsi, voir l'esprit du puma, c'est pouvoir, à force de méditations et de prises d'ayahuasca, devenir puma et pouvoir communiquer avec lui, apprendre de lui, comme avec un être humain.

Le rapport de l'homme à la nature me semblait moins important dans notre monde, où nous avons, à force de technologie, dompté et transformé la nature pour la modeler à notre image, verticale comme les grattes ciels des mégapoles, imberbes comme le béton. Nous avons mis les plantes et les animaux au pas, dans nos entreprises agroalimentaires. Nous pompons, dans les entrailles de la terre, des énergies fossiles que nous surconsommons, sans tellement nous rendre compte que nous bénéficions d'un héritage de milliards d'années d'évolution, de milliards d'années d'équilibre entre les éléments, les animaux, et les plantes. Équilibre que, comme aucune autre espèce sur terre, nous perturbons dangereusement. Nous consommons égoïstement une quantité d'énergie pour le transport, l'habitation et l'alimentation. Nous osons tellement semer, élever et pêcher  que nous ne laissons pas les espèces se reproduire et les sols se régénérer. Nous sommes 20% à consommer plus de 80% des ressources que nous épuisons sans se préoccuper du futur. Nous considérons notre mode de vie comme "évolué", alors que notre modèle de société n'est plus du tout "adapté" à l'environnement. Certains disent qu'il faut sauver l'environnement, c'est faux ! Il faut se sauver nous-mêmes, en ayant, avec les animaux, la Nature et ses ressources, plus de respect, parce que nous finirons par être une espèce en voie d'extinction. Les sécheresses, les tempêtes, les dérèglements climatiques, ont un impact sur les cultures, et par conséquent sur les populations. Tout ceci me paraît beaucoup plus important ici, loin des supermarchés et des emballages en polystyrène. Ce voyage, dans ces lieux où la Nature a tous les droits, et dans ces cultures anciennes me donne un coup d'humilité. C'est peut-être ça l'enseignement à retirer de cette expérience : il faut retrouver de l'humilité dans notre rapport à la Nature et aux animaux.

L'autre enseignement du Machu Picchu concerne plutôt les relations des hommes entre eux. N'ayant pas eu notre combi de retour, nous nous rendons avec Henry à l'adresse de l'agence touristique, qui devait s'occuper du transport, pour se faire rembourser. Une fausse adresse pour perdre les touristes, une autre agence se transformant le soir en boîte de nuit, une engueulade avec le patron de l'agence qui prétendait qu'il n'organisait pas de déplacements de plus de trois jours, plusieurs agences de voyage impliquées se renvoyant la faute ... On va demander conseil à la police touristique, qui prend l'affaire au sérieux. On se fait rembourser la moitié de la somme par le gérant d'une des deux agences concernées. Le patron de l'autre agence ne venant pas au rendez-vous fixé, nous avons organisé un mini sitting à trois, devant la porte de l'agence, décourageant ainsi de nombreux touristes américains (plus de 100 $ par personne le déplacement au Machu Picchu) de passer par cette agence L'employée, furieuse, fermera l'agence quelques minutes plus tard, et on s'en va avec l'impression qu'une certaine justice avait été faite. Le Machu Picchu nous a également montré la rapacité de certains hommes, et particulièrement de ceux des agences touristiques.

Dans un rayon de soleil, le drapeau andin

On quitte la ville de Cusco, les Français, Henry et son bombo, les montagnes verdoyantes, pour aller à Arequipa, une ville plus au sud du pays.