samedi 12 novembre 2011

Carnet de bord de Fabian - Baños

"Conserver la nature, c'est protéger ta vie"
C'est après un horrible trajet en bus économique qu'on arrive a Baños, alors que le jour commence a se lever. On trouve, dans la ville encore déserte, un hôtel où on parvient a négocier l'utilisation de la cuisine familiale. La ville semble assez petite et bordée de montagnes. On va se coucher pour quelques heures de vrai repos.

Baños est une citée réputée pour ses bains thermaux, grâce au pouvoir de l'eau volcanique du volcan Tungurahua. Celui-ci a pété violemment pour la dernière fois en 2006. Des notre arrivée, nous remarquons les plans d'évacuation de la ville, mais aussi la cascade de la Vierge, qui protégerait la citée du volcan depuis toujours.

La cascade de la Vierge
Les activités touristiques de la région se résument a des tours dans la jungle (assez proche), du canioning, de la location de vélos et de motos et meilleur marche : la marche a pied dans les immenses étendues verdoyantes de la région.

Marie aurait pu vendre des ballades touristiques, ou alors faire de la pub pour la sécurité routière !
Nature verdoyante et petit pont de singe dans les environs de Baños
Dans la montagne, ça et la, on peut voir l'une ou l'autre habitation de paysans, simplement faites de bois et de tôles. Autant j'avais été interpelle par le fosse entre les riches et les pauvres en ville, autant a Baños j'ai été frappe par la difference de mode de vie entre les citadins et les paysans. Ces derniers habitent plutôt dans la montagne et doivent monter et descendre de longs chemins escarpés plusieurs fois par jour pour aller de la ville aux champs, ou de la ville a chez eux. Leurs champs sont agrippés sur les flans de la colline et sont particulièrement en pente, alors que la ville a pris toute la place dans la vallée.

Baños vu du haut d'une des montagnes
Le travail des paysans doit être particulièrement éprouvant dans ces conditions. Ils cultivent des tomates, des avocats, des oignons rouges, des pommes de terre, et différentes sortes de maïs. Le soleil et la pluie d'Equateur font pousser également vigoureusement une quantité impressionnante de fruits. La maracuja (fruit de la passion), des petits citrons verts, des fraises, des melons, et bien sûr des ananas dont Marie raffole les jus. La majorité de ce qui est produit ici doit être vendu dans la localité. Certains paysans possèdent des pick-ups et vendent directement les fruits et les légumes dans la rue. On peut aussi en retrouver dans de petits magasins aux mille senteurs et couleurs.

Serres de paysans sur le flan de la montagne
On loue des vélos pour une journée afin de faire la route des cascades. Une magnifique escapade au travers des montagnes.

Marie sur son vélo
Fab dans l'orée de la forêt équatoriale, mais avec son casque de vélo, on ne sait jamais !
Pas si facile que ça la ballade a vélo dans les rochers !
On serre un peu les fesses quand on se fait doubler par de gros camions, mais le spectacle 100 pour 100 bio qui se dévoilait devant nos yeux en valait la peine. La vallée, qui s'étendait sous nos pieds, était entourée de multiples cascades de plus en plus grosses au fur et a mesure qu'on descendait le fleuve.

Première cascade rencontrée sur notre chemin
Et Fab qui essaye de faire de la concurrence a la cascade... ;-)
Nous n'irons pas jusqu'au bout de la route des cascades (qui faisait plus de 60km), nous nous arrêtons a la cascade, "El Pailon del Diablo". Celle-ci a été auto-proclamée, sans doute par les habitants du coin, la 8eme merveille du monde. L'eau claire filait a toute allure sur les rochers noirs et polis par le courant, puis se déversait a une vitesse vertigineuse dans des gorges pour aller s'éclater dans un fracas d'enfer sur les rochers en-dessous, où l'accumulation d'eau formait des petits bassins, avant de reformer plus loin une nouvelle cascade.
Les cascades Chin-Chin
Une autre des nombreuses cascades rencontrée (celle-la un peu plus petite, mais belle quand même !)
Des petites infrastructures en bambou, ou en métal rouille, permettait de s'approcher de très près d'El Pailon del Diablo, qui devait faire au moins 100m de haut. Un petit chemin, creuse dans la roche, dans lequel il fallait s'agenouiller pour avancer, donnait l'occasion d'aller derrière la cascade. On croise un Argentin qui, aussi ébahi que nous, disait qu'il n'avait pas de mots pour décrire cette démonstration de force de la nature. "Un bel endroit pour mourir", c'est tout ce qu'il a pu dire !

Fab derrière la cascade El Pailon del Diablo
El Pailon del Diablo (enfin juste un bout !)
Partout autour de nous, les grands arbres, la mousse, les lianes accrochées sur les falaises, et la forêt omniprésente, nous signifiaient bien qu'on était a l'orée de la forêt équatoriale.

Végétation aux alentours de Baños
Fleurs dont la couleur nous a impressionnes
Et oui Fab, c'est grand !
On passe quelques journées sportives a arpenter les nombreux sentiers et a profiter de l'air pur avant de se décider a se remettre en route. On va se boire un petit café, avec nos gros sacs a dos, a la Casa Hood, un restaurant tenu par un Gringo américain qui nous explique que la pluie, incessante depuis plusieurs heures, a provoque un éboulement et qu'il était donc impossible de prendre la route pour le moment. Une fois de plus, notre départ est donc retarde !

Petit pont improvisé par les locaux
Pont de singe entre deux montagnes
On passe une bonne partie de l'après-midi dans le petit resto sympathique, avant de partir a la recherche d'une nouvelle auberge. C'est Allan, un guitariste rencontre la veille alors qu'on jouait un peu de musique dans la rue, qui nous conseille un chouette petit hôtel pas cher. Il nous invite a venir avec lui le soir au Pipas Bar, un bar qui organise des concerts. On joue pour la première fois de notre voyage sur une bonne sono, devant un petit public enthousiaste. Le tenancier du bar, Raoul, était également musicos, et nous accompagne a la basse, tandis qu'un autre improvise sur des tablas. "Revenez demain, il y a des Argentins qui font du tango qui viennent, ça pourrait être chouette" nous dit avec insistance Nina, la compagne de Raoul. Voila comment on reste finalement une nuit de plus encore a Baños.

Fabian qui joue au billard au Pipas Bar
Alors qu'on fait notre petit set de musique avec Marie, on entend applaudir en français. C'était un petit gars, béret visse sur la tête, qui se payait des rhums avec un ami colombien. Il me tient la jambe pendant une longue partie de la soiree en me parlant de son voyage. Il a d'abord acheté un camion avec des potes, et organisait des projections de films dans les villages un peu recules. Ensuite, quand le camion est tombe en panne, il a acheté avec des amis un hôtel en Colombie pour pas cher. Ça ne rapporte pas un max, mais c'est assez pour vivre. "En France, je n'avais rien, je bossais comme un malade dans l'horeca pour trois fois rien, et pour des patrons insupportables. J'ai un peu mis d'argent de côte et la j'ai un petit capital que j'essaye de ne pas flamber." Son petit rêve sud américain réalisé donnait l'impression que tout était possible en Amérique Latine, avec un capital européen plus sûrement encore... "Ouais ici pour être tenancier d'un hôtel, tu mets ton nom a la commune, et c'est parti ! Pas des milliers de papiers et pas d'impôts." Mais pour Wayki, pour les musiciens, pour les artisans, pour les jongleurs, pour les vendeurs de produits de contrebande, pour ceux qui vendent des brochettes rôties dans la rue, pour les revendeurs de journaux, pour les taxi-motos, pour les vendeurs de chiclettes et de cigarettes a la pièce, pour les ramasseurs de bouteilles vides, pour les cireurs de chaussures, et pour bien d'autres encore, c'est une autre réalité... Tous ces plans débrouille, tous de l'économie informelle, font tourner la monnaie et permettent a chacun, au passage, d'avoir de quoi vivre un jour de plus. Il n'est pas rare que les enfants doivent travailler également pour subvenir aux besoins de leur famille.

Pour celui qui en a marre de lire, petite photo insolite...
Mais sans oublier de se laver les mains après !
On finit la soirée après que Nina, vers 2h30 du mat', les poches sous les yeux, demande amicalement aux musiciens de faire juste une dernière chanson avant de fermer boutique. On en fit deux, puis on laissa le petit couple couper les lumières et fermer les portes de cet endroit plutôt charmant.

Le petit groupe d'Argentins jouant du tango

En Equateur, 95 pour cent de la population est catholique, tout en conservant néanmoins des pratiques ancestrales. La ferveur des gens est impressionnante, et particulièrement en province comme a Baños. Les habitants de la ville sacrent principalement la Vierge Marie qui y aurait fait son apparition. De plus, elle aurait accompli dans la région de nombreux miracles : sauver les gens de plusieurs éruptions volcaniques, sauver des touristes dont la voiture était tombée dans un ravin, sauver des personnes tombées d'une nacelle avec un câble tendu entre deux montagnes, etc. Tous ces miracles sont représentés par des peintures dans l'église de Baños. 

Durant notre séjour dans la ville, nous avons été témoins de plusieurs processions de croyants, portant a bout de bras des statues religieuses dont le poids ne semblait pas léger, sous un soleil étouffant. Ils étaient accompagnes de musiciens et de porteurs de fleurs. 

Une de nos dernières ballades a été celle de la Vierge. Un long escalier, longeant la crête d'une montagne, permettait de rejoindre une immense statue représentant la Vierge et l'enfant Jésus. 

La statue de la Vierge au sommet de la montagne
La statue et le chemin étaient illumines, et tout au long de ce dernier on pouvait observer des reliques de certaines étapes du chemin de croix du Christ. Vu comme les escaliers montaient (pire que les marches de Bueren !), on peut comprendre pourquoi il est compare au chemin de croix. 

Les longs escaliers montant à la Vierge
Au sommet, plusieurs personnes avaient allume des cierges aux pieds de la Vierge, ou avaient inscrit une intention demandant une protection pour leur famille ou pour un monde meilleur...

Intentions inscrites sur le socle de la statue
Vue de la ville une fois près de la statue
Nous finissons par prendre un bus pour quitter Baños et retourner vers Quito.
Tu vois quoi mon chéri pour la suite ?

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