mardi 1 novembre 2011

Carnet de bord de Fabian - La cabane de Wayki

Le lendemain, alors que j'essaye desesperemment de me faire un petit cafe avec du bois humide sur la plage, un type, bandana dans ses cheveux longs, nous salue, intrigue par mon amas fumant de boites a conserve. Il nous propose, dans un espagnol tres comprehensible, de venir faire le cafe chez lui. Il habite dans une cabane sur pilottis installee sur la plage. Il a pour tout mobilier un lit entoure d'une solide moustiquaire. Longeant les murs, un tas d'ecorces de coco protege des bouts de corail sans doute destines a faire des bijoux.

La cabane de Wayki

C'est son boulot, il tresse a une vitesse impressionnante les petits bracelets colores qu'on peut voir partout sur les marches en Amerique latine. Il est Peruvien, mais a vecu quelques temps en Allemagne. Il a pris le temps de divorcer de ses deux femmes avant de trouver son modeste paradis sur son petit bout de plage a Montañita. Il a comme projet de faire un petit hotel et un restaurant sur la plage juste derriere sa cabane, mais comme il dit "piano, piano ...", petit a petit ...

C'est a la lumiere des bougies, dans cet espace confine de bambou, au'on joue de la musique jusqu'a la tombee de la nuit. En Allemagne, Wayki etait lui aussi musicien. Il semble beaucoup apprecier notre musique.
Effraye par le prix qu'on paye pour notre hotel, alors que nous etions si fiers de nous en sortir pour 5 dollars, il nous propose de venir dormir chez lui. Comme notre hotel etait deja reserve pour la nuit, on le remercie sans trop penser au lendemain.

Le 26 octobre, ca fait 9 ans qu'on est ensemble avec Marie. On arrive a le faire comprendre a Wayki dans notre espagnol approximatif. Il n'en revient pas, et nous offre a chacun un petit bracelet pour l'occasion.
Apres l'avoir quitte, on decide de se payer un petit restaurant dans le quartier Gringo pour notre anniversaire. On trouve une table dans un restaurant tout fait en bambou. Il y avait un match important a la tele : Quito contre Barcelone, deux equipes tres appreciees en Equateur. Le gardien degage la balle, on commande deux steacks avec de la salade et des patates ; un joueur attrape le ballon, et on nous apporte une biere et un coca ; il dribble, on nous apporte deja nos plats de Gringos ; et c'est la passe, je regarde Marie dans les yeux, il y avait moyen de trouver plus romantique ; il attrape la balle, et cest goal ! Toute la table derriere nous se leve en faisant un tonere de bruit. Balle au centre, petite passe, je finis mon assiette et aide Marie a faire de meme, sauce aux champignons de Paris. Sortie, controle de la tete, on finit nos verres, la table deja debarrassee, et on se met hors-jeu en allant se coucher tot, et en se disant que si lendemain le soleil n'est toujours pas la, on va le chercher !

Wayki et Marie


On retrouve Wayki le lendemain au marche, rodant pres de son petit etal sur le trottoir a cote d'autres vendeurs. Wayki nous explique qu'ils sont comme une petite communaute ou chacun veille sur l'etal des autres quand le vendeur doit s'absenter. Et tout le monde connait les prix des bijoux et autres produits d'artisanat. Ils achetent des bouteilles d'alcool ensemble et se partagent tout ce qu'ils amenent dans la rue : clopes, bouffe, jus de fruits, cocktails, biere, tout tourne dans les mains de tout le monde. Il faut dire que ca n'a pas l'air de rapporter enormement en cette periode peu touristique, mais tout juste assez pour vivre une journee de plus. Je pense que ca doit etre impossible a faire tout seul.

Les marchands d'artisanat solidaires

Nous disons aurevoir a Wayki, le soleil n'etant toujours pas de la partie. Il a l'air decu, et nous repropose de venir dormir dans sa cabane. De plus, il nous deconseille de partir si tard dans la journee, mais plutot en matinee. Le pari est lance : si demain il y a du soleil, Marie doit payer une biere a Wayki ; s'il n'y en a pas, il lui payera un mojito.

Marie apprend aupres de Wayki des nouvelles techniques pour faire des bracelets, pendant que je joue un peu de guitare en essayant de plaquer des rythmes et accords latinos. Elle s'en sort plutot bien. Wayki la felicite alors qu'une touriste de Guayaquil insistait pour acheter un des bracelets qu'elle n'avait meme pas fini. Marie ne voulait pas le vendre, c'etait un prototype plein de fautes pour tester des nouveaux trucs. "Mais c'est du travail" repond Wayki, "ca vaut au moins 10 dollars, il faut que tu en demande 15, puis elle t'en demandera 10, tu en proposeras 14, et il partira peut-etre a 13. Tu pourras en faire d'autres plus tard" dit-il plein d'enthousiasme.

Marie apprend des nouvelles techniques pour faire des bracelets, pendant que Thomas recoud son pantalon


A cote de lui, Walter, un bonhomme assez important vendait lui aussi des bijoux, mais surtout des chapeaux de coco. Toujours le sourire aux levres, il avait un air et une presence rassurante, ainsi que toujours une boisson chaude ou un petit truc a grignoter a partager avec nous. J'ai moins eu l'occasion de connaitre les autres vendeurs.

Wayki, Fabian et Walter

Apres avoir tout range, deja tard dans la nuit, on va faire un grand feu pres de la cabane de Wayki avec tout le monde. On est bien, malgre la rosee on sort la guitare et le violon pour quelques chansons. Walter me parle de plein de chanteurs ispanophones qu'il aime bien, tout en entonant un air ou l'autre de sa voix grave et joviale en meme temps.

Deux prototypes de chapeaux de coco fabriques par Walter


On va dormir en meme temps que Wayki. Dans la penombre, a la lumiere d'une bougie, il me parle des bandits d'Equateur, de protection chamanique et de sa vie quand meme difficile du point de vue "plata" - argent. Je vais rejoindre Marie qui dort deja sous notre moustiquaire et j'ecoute pendant quelques instants seulement le bruit des vagues avant que je ne tombe moi aussi dans les bras de Morphee.

On s'active tard le lendemain. il faut dire que j'ai mis une heure a faire fonctionner mon "rocket stove" - rechaud artisanal - avant qu'il ne me serve a preparer mon precieux nectar corse.

Fabian qui essaye de se faire un cafe sur la plage avec son rocket stove


La meteo reste plutot mitigee. Marie et Wayki se payent mutuellement leurs verres, suite a leur pari de la veille. La journee se passe vite, et on se rend compte qu'il est deja trop tard pour partir a Puerto Lopez ce jour. Nous demandons donc a Wayki s'il peut nous heberger une nuit de plus dans sa cabane, ce qu'il accepte sans meme reflechir.

Le jour suivant, le soleil fit enfin son apparition pour de bon ! En meme temps qu'une masse impressionante de touristes, rendant les affaires un eu meilleures. D'un coup, Montañita prit un charme qui nous skotcha une journee de plus. Je me suis baigne pour la premiere fois dans le puissant ocean Pacifique, qui a cet endroit faisait des vagues de 2 metres de haut. C'est Wayki qui nous a propose une nuit de plus, etant donne qu'il devait se rendre egalement a Puerto Lopez assez tot le lendemain pour acheter des corails.

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