mardi 1 novembre 2011

Carnet de bord de Fabian - Montañita

La petite ville côtiere de Montañita est comme un decor exotique de cinema : des hammacs colores sont suspendus sur de petites terrasses delimitees par de legeres barrieres en bois ou en bambou, des toits en paille nous laissent croire que le temps est souvent plus clement que ce qu'il est en cette arriere saison touristique.

Nous sommes comme les cadavres d'un ete passe. En effet, une bruine incessante nous trempe le visage et donne un aspect un peu triste a la ville semblant etre desertee.

Montañita sous la pluie


Tout le monde descent du car, et je souris en pensant a la deception des gros cochons de touristes. C'est un peu mechant, mais il faut dire que je n'ai pas pu incliner mon siege de tout le voyage a cause des grandes jambes potellees de ce qui semblait etre le fils unique de la famille de porcs allemands. J'ai donc ete oblige de regarder le paysage monotone, fait de basses montagnes et de peu de vegetation, ainsi qu'un film de prisoniers boxeurs en espagnol - mais ca allait pour comprendre - sur tout le trajet.

Montañita est un spot ideal pour les surfers auxquels se sont joints, depuis quelques annees, des hippies et des fetards. Ceux-ci arrivent et partent tous les jours au compte goutte, avec leurs sacs a dos Quechua ou Deuter, desequilibrant leur marche. Deambullant a l'aveuglette dans les rues glissantes, nous croisons a de nombreuses reprises d'autres couples de jeunes Gringos faisant comme nous face a un nombre impressionnant "d'habitaciones" - chambres - a louer pour pas cher, entre 5 et 10 Dollars par personne. Malgre la pluie et la transpiration sous notre packetage, on decide avec Marie de prendre le temps d'en trouve une confortable au meilleur prix. Certaines en bord de mer avec comme seules fenetres des moustiquaires detonnaient avec la meteo, tandis que d'autres etaient de vrais taudis sans fenetre du tout ! On trouve finalement notre bonheur dans un immeuble aux chambres toutes fraichement retapees pour les touristes, où un gentil pere de famille nous accueille avec un rouleau de PQ et des petits savons emballes individuellement. Apres avoir jette nos sacs dans la chambre et pris nos instruments, on part a l'aventure dans la ville. On ne fait pas quelques metres que deja, un gars d'une trentaine d'annees nous fait signe. Apres avoir echange quelques mots en espagnol, il nous propose de venir boire un cafe chez lui, a 10 minutes de la. "Cafe", deux syllabes internationales qui resonnent si agreablement dans ma tete que ca me ferait apprecier n'importe qui...

Sur le chemin pour aller chez lui, Javier - qui se prononce "Rabièr" - se protege de la pluie avec sa planche de surf. Il est prof de surf et vit dans une petite maison de 3 pieces dans laquelle il est oblige de rentrer par la fenetre, ayant oublie ses clefs. L'endroit nous semble bien pour faire une petite chanson. Javier a l'air d'apprecier et il nous cuisine quelques oignons avec des poivrons, suivis de bouts de pain avec du beurre de cacahuete. Javier commence a etre fort collant avec Marie. On lui fait comprendre qu'on est ensemble en s'embrassant devant lui. On passe le debut de la soiree dans un bar-discotheque assez desert, a siroter une biere pour moi et un mojito de maracuya - fruit de la passion - pour Marie. On nous a dit qu'aujourd'hui il y avait une soiree reagge sur la plage, et comme l'idee nous branchait bien, on est reste malgre la fatigue avec Javier qui s'averait assez lourd. Il parle, il parle, il parle avec des phrases a moitie en anglais et a moitie en espagnol. Pour passer le temps, et pour qu'il ferme sa gueule, on lui apprend a vendre ses services de prof de surf en francais, exercice qu'il fit avec beaucoup d'attention. On passe boire encore une cervesa avant d'aller a la soiree a 1km de la.

Montañita de nuit avec ses bars en bambou

Sur le chemin, une rencontre tropicale egaya toute ma soiree : une tortue de bien 1 metre de long se glissait lourdement sur le sable a l'aide de ses pattes palmees. A notre approche, prudente, elle rentre ses membres sous sa lourde carapace. On n'ose pas s'approcher de l'animal comprennant le stress qu'elle devait avoir cette nuit où son instinct avait decide qu'il etait temps de pondre dans un petit trou a plusieurs metres de la mer.

La soiree qu'on passa ensuite fut magnifique ! La nuit cachait de son drap noir la grisaille du ciel et jongleurs et cracheurs de feu illuminaient les corps detourant les silhouettes des badeaux qui sirotaient une petite biere en s'agitant mollement sur des airs de Bob Marley ou d'Alfa Blondy. Ce spectacle me fascinait tout en me donnant une impression de securite, un comme chez soi a des km de la. Les gens parlent une sorte de "franglol" et forment une communaute ephemere se reunissant, ici comme ailleurs, avec la meme envie de se connaitre l'un l'autre par dela les frontieres qui n'existent plus quand on est ne du bon cote de la ligne de l'equateur.

On se leve tot le lendemain, la biere Pilsener, legere, servie en bouteille de 60 cl, a quand meme reussi a me donner un bon mal de tete. On sort de notre petit hotel avec nos instruments, apres avoir ete dejeuner. En se balladant sur la digue, on apercoit Thomas et Laura, le petit couple sympa qui etait a cote de nous dans le bus. Ils flanaient sur la terrasse de leur hotel, en bord de mer. Laura vient d'Argentine, comme en temoigne sa petite tasse a maté qu'elle ne quitte pas, et son repertoire de chansons traditionnelles. Elle chante d'une voix aussi douce que la maniere dont elle gratte les cordes de sa guitare. Je papote avec Thomas qui nous parle du Perou où il avait passe un bon bout de temps avant d'arriver en Equateur. Lui il est Francais, venant de Paris ou de Lyon quand il n'est pas en voyage. Il arbore fierement ses nouveaux piercings et tatouages qu'il a pu se faire ici a un prix derisoire compare a la France.

Marie, Thomas et Laura ; violon, cafe, maté


Je profite de la cuisine de leur hotel pour me faire un bon cafe bien corse. Il faut savoir, que dans un des plus gros pays exportateur de cafe gourmet qu'est l'Equateur, on vous sert quasi toujours une saloperie de cafe soluble Nescafe... matiere premiere produite en Equateur, transportee en avion pour etre transformee en occident, puis renvoyee sous forme hydrosoluble dans le pays d'origine...

Quelques chansons et une jatte plus tard, on va se chercher un peu de fromage frais, des tomates et du pain pour un petit brunch bon marche avant de faire une sieste. Visiblement, a Montañita, une autre vie commence a la tombee du jour. Marie se fait une bonne sieste pour etre en forme la soiree pendant que je prends le temps d'ecrire dans mon petit carnet a spirales, bien installe dans un hammac sur le balcon de notre hotel.
On retrouve Thomas et Laura le soir, avec qui on boira des bieres sur la plage, a quelques metres de la cabane de Wayki qu'on rencontrera le lendemain.

Fabian dans son hammac

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